Covid-19 : les Hauts-de-France sur la (bonne) voie du médicament

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Labellisé  » priorité nationale de recherche « , l’essai clinique sur l’Interféron nébulisé, conduit par le CHU Amiens-Picardie dans les Hauts-de-France, ouvre la voie à une nouvelle thérapie pour guérir de la Covid-19.

Habituellement utilisé dans le traitement de la sclérose en plaque, l’Interféron serait-il aussi un médicament efficace pour soigner les patients atteints de la Covid-19 ? Lorsqu’un patient présente une infection respiratoire d’origine virale, pour lutter contre cette infection, les cellules produisent des protéines de défense, notamment des interférons. Dans le cas de la Covid-19, le virus (SARS-CoV-2) perturbe les moyens de défense de l’organisme, notamment en réprimant la synthèse et la réponse aux interférons. Il semble donc utile d’apporter l’interféron là où il fait défaut.

C’est tout l’objet de l’essai clinique mené sur 146 patients par le CHU Amiens-Picardie en coopération avec les hôpitaux de Tourcoing, de Valenciennes, d’Abbeville, de Compiègne, de Saint-Quentin et de l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer. Soutenu financièrement par la Région Hauts-de-France, cet essai, labellisé « priorité nationale de recherche «  par le gouvernement, a obtenu l’autorisation des autorités sanitaires du pays et devrait pouvoir livrer ses premiers résultats au début de l’été 2021. Il est, par ailleurs, soutenu par la société AGIPI, le laboratoire Novartis qui met à disposition le médicament, le laboratoire OptimHal-ProtecSom et la fondation de l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV), qui a recueilli des dons citoyens.

Déjà des guérisons à Amiens

« Nous savions depuis longtemps que l’interféron, outre ses propriétés contre la sclérose en plaques, présente des propriétés antivirales. Il était utilisé par exemple dans le traitement de l’hépatite C , »explique le professeur Michel Brazier, professeur et pharmacien clinicien au CHU d’Amiens et promoteur de cet essai clinique aux côtés d’Aurélien Mary, également pharmacien clinicien.

Étayée par plusieurs publications scientifiques internationales, cette intuition de chercheur s’est appuyée sur les résultats intéressants obtenus avec l’Interféron administré par nébulisation chez des patients chinois traités en association ou non avec l’hydroxychloroquine. «  L’efficacité de l’hydroxychloroquine étant écartée, nous avons suggéré que c’est l’interféron administré par la voie pulmonaire qui était efficace, » continue le professeur Michel Brazier. C’est ainsi qu’au CHU d’Amiens-Picardie, dès le mois d’avril 2020, quatre patients atteints par la Covid-19 et traités par l’interféron nébulisé, avaient guéris.

Agir directement par nébulisation là où se trouve le virus

Pour cibler spécifiquement les voies respiratoires, encore fallait-il que le médicament soit « nébulisé « , c’est-à-dire projeté directement sous forme de micro gouttelettes dans la sphère oro-pharyngée, voire directement inhalé dans les poumons à l’aide d’un masque respiratoire. Or, à ce jour, l’interféron n’existe que sous forme de poudre à reconstituer en solution injectable pour une administration par la voie sous cutanée. Cette administration sous cutanée a été évaluée dans le traitement de la Covid-19, malheureusement elle ne permet pas l’obtention de concentrations suffisamment élevées au niveau des poumons pour être efficace.

L’essai clinique permet justement de tester la nébulisation de l’interféron en permettant d’agir directement là où se trouve le virus. Cet essai clinique initié et développé en Hauts-de-France (aujourd’hui également au CHU de Bordeaux) permettra, dans une période où plus que jamais nous avons besoin de preuves scientifiques solides, d’avancer vers de nouvelles thérapies. C’est là, en complément de l’arme essentielle de la vaccination, l’une des clés de la victoire dans la lutte contre la pandémie.

 





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Région Hauts-de-France